Dans un monde où la marchandisation de la musique a atteint son point culminant, un album de Stars of the Lid est une bénédiction, un petit îlot de liberté dans un univers mental saturé de messages plus ou moins publicitaires. Il est toujours agréable de venir se ressourcer dans ces grands espaces qui ne noient pas complètement la pensée. C'est une rivière au courant calme qui nous emmène au-delà des bavardages et des concepts. Ecouter un album de Stars of the Lid est finalement une activité thérapeutique.

Aujourd'hui, penchons-nous sur l'un des disques les plus rares de l'histoire du groupe: Carte de Visite, album regroupant différents inédits qui n'ont pas passé la rampe lors de l'enregistrement d'albums tels que The Tired Sounds of... (2001), And their Refinement of the Decline (2007), ou de vinyles obscurs depuis longtemps épuisés (The Kahanek Incident, l'interprétation par Stars of the Lid de 3 morceaux de Labradford sur 20 minutes, et Maneuvering the Nocturnal Hum) ainsi que de 2 inédits.

J'ai eu l'occasion de mettre la main sur le précieux sésame lors d'un concert mémorable de Stars of the Lid fin 2007 (voir l'interview réalisée à la fin du concert) au théatre de l'Usine, aménagé avec des coussins pour l'occasion: un cadre intimiste et douillet pour un concert qui s'est prolongé assez tard dans la nuit et qui restera gravé dans les mémoires.

Couvrant une période de 10 ans, ces 9 morceaux composent un album finalement assez homogène. Pour ceux qui comme moi vénèrent litéralement The Tired Sounds... et son successeur And their refinement..., les 5 inédits de cette période permettent de prolonger le plaisir, car même s'ils sont mentionnés comme "out takes", ces morceaux tiennent facilement la comparaison avec leurs collègues "officiels". Pourtant, c'est "Porch(version#28)", issu du LP Maneuvering the Nocturnal Hum qui est peut-être la meilleure surprise. En passant, je recommande vivement ce vinyle de 3 morceaux qui comporte notamment un enregistrement live confirmant que Stars of the Lid est un groupe taillé pour la scène, contrairement aux apparences. Citons également au passage "JPRIP", hommage à John Peel au piano, précédé d'un enregistrement de la voix du maître, ainsi que "The Funereal" en clotûre, l'une des mélodies les plus expressives du groupe.

Il est donc peu probable qu'un seul de ces morceaux vous soit familier, et c'est tout à l'honneur de Stars of the Lid d'avoir tiré ces pépites de l'oubli. Au final, ce petit album a aussi l'avantage de la concision, comparativement à certaines plages désertiques de The Tired Sounds... par exemple. Son seul défaut est bien sûr sa rareté, même si on peut espérer une réédition prochaine étant donné l'engouement qu'il a suscité. En attendant, "Slight on the Childproof" est disponible sur leur page myspace.

- JP, le 21 07 2009