Après l'encensement consacré à La Forêt des mal-aimés et l'expérience audacieuse de Mutantès, Pierre Lapointe nous arrive avec un tout nouveau recueil de chanson française luxuriante et... un brin banale. Si les arrangements sont majestueux et bien étoffés, les compositions, elles, ne sont pas à la hauteur des attentes, très élevées faut-il dire.
Substrat direct de l'aventure Mutantès, ce Sentiments humains n'en garde que l'exubérance et la pompe, alors qu'on n'y perçoit aucune velléité conceptuelle. Par chance, ce n'est pas un opéra rock. Plus orchestral que l'album précédent, celui-ci présente un Pierre Lapointe plus énergique, capable de rocker, lui qui s'est inspiré d'artistes comme Marc Bolan (T-Rex) et David Bowie, période glam. Mais à l'évidence, les chansons sont toujours d'obédience française; l'influence de Ferré et de Barbara reste aussi patente.
Là où le bât blesse, c'est lorsqu'on s'aperçoit comment Lapointe nous ressert la même formule mélodique que sur La Forêt des mal-aimés, à tel point qu'on se surprend à considérer cette nouvelle réalisation comme une compilation de morceaux n'ayant pas passés le test final de son second opus. De la part d'une tête chercheuse comme Pierre Lapointe qui est toujours à l'affût de tout ce qui se fait de nouveau en matière de création (art contemporain, design, théâtre, musique actuelle) et qui, de surcroît, se fait un devoir de pousser les limites de son art, c'est difficile à pardonner.
Sentiments humains est donc un disque de qualité auquel la magie fait malheureusement défaut. Pour le prochain ouvrage, on est en droit d'exiger un peu plus de nouveauté de la part de Pierre Lapointe.
- Mathieu Dupont, le 8 05 2009