Elles sont deux filles de Nantes et elles sont allé au Canada mixer leur album au si joli titre : seules au bout de 23 secondes. D'entrée de jeu, on semble fixer sur le style de l'opus, la voix un peu éraillée, un peu junkie en rédemption nous évoque inévitablement Cat Power. On pourrait en rester là et se dire que voici encore un clone d'une de ses artistes possédée et possédantes de ce début de millénaire. Mais quand ensuite les Mansfield TYA s'envolent dans un faux minimalisme torturé en français, ("votre tête est un tombeau / puis-je vous ouvrir le crâne ma chère amie ?") ensorcelé d'un discret violon et d'une batterie feutrée, on se dit qu'il y a là une particularité qu'il va falloir tenter d'apprivoiser.
Mais peine perdue, ce disque ne s'apprivoise jamais, il nous ensorcelle, nous prend parfois par la main mais nous fouette également en nous bourlinguant dans un noisy-rock tendu (les très Shannon Wright "Wasting My Time" et "Silver Silencess II" avec son violon qui virevolte). On va osciller du côté d'un Diabologum ou d'un Dominique A au féminin avec quelques touches de violons limites classiques et on finit par craquer totalement, surtout avec l'ultime "Je ne rêve plus" véritable course hallucinée aux paroles cosmiques ("je ne rêve plus / je ne fais que pleurer / comme une malade mentale qu'on aurait pas soigné"). Un disque soigné et diablement stimulant dans le paysage franco-anglophone actuel qui démontre une fois de plus que la langue de Molière peut aussi coller avec l'indie-rock.
- le sto, le 17 04 2009