A quoi bon me direz-vous ? Quel peut être l’intérêt de se taper les onze titres du nouvel album d’un groupe qui a perdu la foi depuis plus de dix ans ? Pourquoi s’envoyer No Line On the Horizon alors que plus rien de franchement intéressant et novateur n’est sorti des cerveaux de Bono et The Edge depuis Pop ? Comment ne pas se faire traiter de masochiste en osant s’aventurer dans les méandres de cet opus alors que l’écoute du nouveau single "Get on Your Boots" sur les ondes ne pouvait déclancher au mieux l’indifférence, au plus légitimement l’envie de vomir ?
Et bien, la seule excuse que j’ai pu trouver est que c’est tout de même les créateurs de « One » qui sont là, titre qui se cale à l’aise dans les cinq plus belles chansons de tous les temps ! Ces gars là ont écrit Achtung Baby, Zooroopa et Joshua Tree, alors rien que pour ça, on se doit de pencher une oreille. Et puis peut-être allait-on être surpris en bien…
Mais le miracle ne vient pas, malgré les annonces pompeuses de Bono criant à qui voulait l’entendre que No Line On the Horizon était une tuerie, il faut se rendre à l’évidence, le groupe n’a plus rien à dire et les onze titres visent dans une cible qui n’est plus la nôtre. Bono monte sur ces grands chevaux vocaux abuse clairement des « Oh-oh-oh, ouh-ouh-ouh, yeah » jusqu’à l’écoeurement ; The Edge mouline ses guitares cristallines mais souvent dans le vide ; Adam Clayton s’en sort peut-être le mieux avec une basse qui souligne avec justesse des compos vides et Larry Mullen Jr. n’a de toutes façons jamais épaté personne ! Alors bien entendu, on notera quelques bons moments, tel le meilleur titre « FEZ-Being Born » ou « Magnificient » qui porte bien le syndrome de ce nouvel album : soit un titre qui part plutôt bien mais qui se prend vite le mur, soit des chorus écoeurant (« Unknown Caller »), soit une faiblesse de composition indigne des irlandais (p. ex : « Moment of Surrender » que d’aucun ont comparé à « One », on ne voit vraiment pas le rapport, franchement !). Reste que ces petits hauts n’effacent pas les étrons à la « Get on Your Boots » ou « Breathe », proprement consternants !
Constat de tristesse au fond de voir un des ex-plus grand groupe du monde vendre des millions d’albums à de pauvres incrédules qui, attirés par les deux signes mythiques, perdent de précieux deniers en ces temps de crise. Tristesse également devant un groupe qu’on a aimé et qui ressemble à un vieil ami dont on s’est inévitablement éloigné et qu’on n’a l’impression de ne plus connaître.
- le sto, le 14 04 2009