L'album commence comme beaucoup d'albums de post-rock avant lui, option joli mais emmerdant. Fort heureusement, dès la seconde piste, Russian Circles envisage de ne pas s'en tenir aux arpèges doucereux et de se tracer une voie à la machette avec de tortueux riffs lorgnant sur le post-hardcore. Le dialogue s'engage donc entre les deux facette du groupe, basiquement le versant post-rock sans fioriture tendant vers Mono, et les plages les moins laborieuses des vieux Isis. La dynamique instaurée est efficace et maintient l'auditeur en éveil, même si l'on peine à mettre en lumière de véritables traits de génie et que l'attirance que l'on peut éprouver à l'égard de Station reste extrêmement difficile à cerner.
D'abord il faut signaler que le son du disque parait puissant lorsque il s'agit de mettre en relief les parties les plus mélodiques, qui ne sont pas sans rappeler Red Sparowes, mais ridiculement compressé lorsqu'il s'agit de dynamiser les plans les plus riffus. Un travers qui n'ôte rien à la qualité des compositions mais qui s'avère parfois frustrant, suivant le genre de production auquel on a été habitué. Au-delà de ce détail technique, Station engendre une réelle frustration en fin de compte, une insatisfaction, voire insatiété, teintée d'un gout de reviens-y qui se manifeste par une étrange envie d'écouter l'album plusieurs fois d'affilée.
Le prototype du disque que l'on se surprendra à écouter un grand nombre de fois pour peu qu'il corresponde à l'humeur du moment, et que l'on délaissera à tout jamais parce qu'il manque tristement de personnalité. Sympa mais creux, on préfèrera donc réécouter Irepress, qui pratique sensiblement la même discipline, catégorie poids lourds.
- lina b. doll, le 16 10 2008