Avec TV on the Radio, on ne plaisante plus, on sait qu’on a affaire à un gros client et que, oui, l’album que je tiens maintenant entre les mains peut être étiqueté disque de l’année en moins de temps qu’il n’en faut pour pondre ces quelques lignes.
Exercice périlleux, donc, et faisant abstraction des messages répétés (les 9.2 élitistes du baromètre Pitchfork ou la baffe plus populaire de Télérama), je dirai simplement ceci : beau et frais au premier coup d’œil, se révélant bizarrement bien creux dès la troisième écoute, au final nettement plus convenu que son prédécesseur, l’indépassable Return to Cookie Mountain. Les raisons de cette semi-réussite sont au fond peut-être plus liées au fait que David Sitek – référence mythique de la prod’ (le prochain Massive Attack, les Liars, Foals)- membre à part entière de la formation, lustre toujours plus à fond de sa patte magique les rencontres soniques des New-Yorkais. Résultat : Dear Science s’avère en fin de compte souvent lisse, et, malgré sa richesse musicale, terriblement contrôlé de bout en bout. Les rencontres entre funk, pop, cold-wave ou rock sont tellement mises en scène qu’il devient difficile de s’en émouvoir, preuve évidente que trop de talent tue le talent. Et même si plusieurs titres font fort (très fort !) d’entrée de jeu ("Halfway Home", "Crying") et que Tunde Adebimpe taille des espaces stratosphériques avec sa voix, la suite manque cruellement de substance et de folie, à témoin certains titres flottants comme "Family Tree", en soit pas raté mais juste plat et prévisible. Il faut attendre que "DLZ" secoue un peu le shaker, mais on est déjà en totale gueule de bois sans trop avoir compris pourquoi.
Accessible s’il en est à chacun suite à la volonté du groupe d’aérer ses compos, Dear Science s’ampute de l’autre côté de son arme fatale qui avait secoué 2006. Une sensation de clim’ à défaut de la bourrasque vivifiante que l’on espérait. Demi-réussite ou semi-échec, à vous de voir.
- runeii, le 10 10 2008