Depuis Radiohead, TV on The Radio et leurs frérots, l’ère de la pop savante s’est établie dans nos petites colonnes. On ne compte plus les alliages, refontes et melting-pots qui remettent à l’honneur le chant comme un instrument à part entière et les rencontre improbables entre sous-genres musicaux, souvent de latitudes et d’époques à priori inconciliables.
Toutefois, le chroniqueur lambda que je suis finit par se fatiguer des mariages forcés, contre nature ou au contraire trop arrangés pour être vraiment consommables. Ceci pour m’amener à Son Ambulance et son petit troisième qui surfe sur plusieurs vagues en même temps, finissant par trépasser devant un surplus de rencontres incompatibles.
Pourtant Son Ambulance fait plutôt fort au départ, "A Girl in New-York City" réconciliant bossa et samba, empruntant pour un temps le psychédélisme que Cream accoucha avec Disraeli Gears. Toute d’une sensibilité pop eighties agréablement mélancolique, l’entrée en matière cherche à se démarquer. L’enchaînement avec le prog-rock de "Legend of Lizeth" complète ici une palette d’influences bigarrées, soit le Floyd dans sa langueur élégante comme contrepoint mérité à un vrai travail vocal. Seulement l’histoire d’amour est bien courte, tant la suite pèche par son manque de dynamisme et n’évite pas la mièvrerie. Ainsi, au grand dam de nos frais époux, les honnies Eighties prennent toujours plus de place dans le lit conjugal, accrochées à leur synthés analogiques et production clinquante. Clairement, c'est overdose et D.O.A.
On rangera donc prématurément au garage le véhicule de ce duo d’urgentistes aux bonnes idées hélas trop courtes, pour se réécouter bien calé dans son fauteuil quelques bonnes émissions télé à la radio, bercé par le cri lointain des pigeons.
- runeii, le 29 09 2008