Si l'on excepte l'escapade Ripper Owens, le dernier choc existentiel du prêtre Judas remonte à Painkiller, une vraie évolution et une référence dans la discographie du groupe. La séparation a peut-être été trop longue et les mots trop durs, tant cette reformation peine à porter ses fruits. Pour tenter de conjurer le sort, rien de tel qu'un concept album! Deux disques, plus d'une heure et demie, et...un concept. Nostradamus, qui aurait pu y penser! Rien que le titre et la gueule de la pochette hurlent leur manque d'inspiration, et en effet l'album commence plutôt mal, après une bref intro "symphonique".
En fait, la qualité médiocre des paroles et la faiblesse du thème choisi sont encore éclipsés par la faiblesse de la musique. C'en est presque choquant d'entendre un Scott Travis aussi peu percutant à la batterie, le tempo n'est ni lent ni rapide - une sorte de midtempo horriblement tiède. Rob Halford ne force pas trop sa voix, et la basse est juste inexistante. La suite de l'album ne vient pas démentir cette entrée en matière, "Gods of War" n'a absolument aucun punch, et le côté atmosphérique-symphonique-light me fait plutôt penser au générique des Experts qu'à du metal.
Avant même que l'album ait pris son envol, la ballade "Sands of Time" est une sorte d'envolée lyrique de Rob Halford sur une plage symphonique sans saveur. Et ça continue, en fait ce n'était que l'introduction du morceau suivant, du même tonneau, avec en prime des guitares inoffensives. Ce n'est pas tant que la machine tourne au ralenti, on a plutôt l'impression que Judas Priest n'a plus d'essence dans le moteur. "Lost Love" nous donne déjà le coup de grâce, avec des pianos bien synthétiques et un Rob Halford transformé en crooner.
Le ton est pompeux, et à aucun moment on ne sens que l'album va décoller. Il n'y a jamais de contrepoids à ces atmosphères symphoniques singulièrement lourdes et datées. L'intro de la chanson phare à l'heure de la délivrance résume à elle seule la grandiloquence et le manque de conviction de "Nostradamus".
Comme quoi, Judas Priest avait sans doute pris la bonne décision à la suite de Painkiller : la nostalgie et l'envie de retrouver la scène ont a nouveau réuni le groupe, mais il était trop tard - en tout cas pour les albums studio. Un tel goupe pourrait se reposer sur son glorieux passé pour enflammer les foules plutôt que de vouloir écrire les nouveaux chapitres d'une histoire déjà terminée.
- JP, le 20 09 2008