Grails > Take Refuge in Clean Living

Take Refuge in Clean Living
6.2008
Notation
Rock   Prog Rock   Post Rock

Toute l’histoire de Grails me ramène aux monstres de série Z, suscitant suffisamment d’effroi pour nous scotcher à l’écran, mais restant aussi dans une parodie plus légère où on se marre. Ici, la genèse est quelconque, en 1999, dans l’anonymat des humanoïdes estampillés "post-rockeurs", suffisamment clonés pour ressembler à tout et à surtout rien.

Et puis, un jour, un germe inconnu contamine toute la bête. Le Grails d’alors a pris la forme d’une boule suintante aux milles têtes annonçant la fin des temps (The Black Tar Prophecies). Le Grails de 2005 ressemble à un tripode hybride intégrant riffs sabbatesques du malin, trips dub à l’acide krautrock et un demi-quart de pied dans d’obscures influences world. Le résultat fut, définitivement, stupéfiant.

Depuis la formule s’est affinée avec Burning off Impurities. Aujourd’hui, le trio de Portland s’est peu à peu assagi et se prend à quelques simulacres de rêves progressifs. Les cinq patchworks ici réunis ne dérogent pas à la formule générique de base. Toutefois, les terreurs d’alors sont rangées au rayon des masques de carnaval. Il reste une étrange mixture unissant plusieurs mondes en un. A première vue, les drogues font toujours leur effets ("Stoned at the Taj again"), et le choc se vit ensuite de l'intérieur ("PTSD"). Instrumentations et arrangements bigarrés passent sans coup férir d’un semblant de racine rock façon Hawkwind à une singerie de Morricone, esquissant soudain la trame de cieux indiens, avant de revenir sous forme de mantra semi-philosophique ("Clean Living"). Difficilement descriptible en fin de compte.

Vous l’aurez compris, avec un peu de tout dans sa panoplie élastique, la grande force de Grails est devenue aussi sa fragilité, risquant une lente dissolution dans le vide de par ses regards multiples. Le flou pseudo-mystique qui entoure ce 5ième album remplace l’âge d’Halloween et de ses excès, et c’est à mon sens un léger bémol, ou une question de goût. Même si Grails s’est forgé une identité propre et un statut de précurseur dans l’après post-rock (d’ailleurs, on pourrait parler de non-rock pour faire plus simple ?).


- runeii, le 10 07 2008

Multimedia:

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Stoned at the Taj Again
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11th Hour
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