Une carrière déjà longue pour le groupe originaire de l’Etat de Washington et qui sort ici son 7è album en 11 ans d’activités. Au fil des disques le côté agité des guitares a perdu peu à peu de sa dominante au bénéfice de petites mélodies moulinées sur des guitares acoustiques-rêveuses ou électrifiées-bêcheuses. C’était particulièrement vrai sur le dernier album en date du groupe, le magnifique Plans véritable chef d’œuvre (il fut d'ailleurs nominé pour les Grammy Awards de 2005 dans la catégorie Best Alternative Album).
Mais là où Plans rassemblait au gré de ses morceaux tant des ambiances clair-obscures et posées (le somptueux "Marching bands of Manhattan") que des joyeusetés élégantes ("Soul Meets Body" et ses faux-air de "Losing my religion" de R.E.M.) celui-ci creuse encore un peu plus le sillon de la demi-mesure et de la mélancolie. Quelques morceaux relèvent un tantinet le tempo rythmique mais sans pour autant se montrer abrasif, teigneux ou velléitaire. On est davantage là dans le tapage du pied en mesure, le regard fixé sur sa basket flétrie, plutôt que dans le riff tendu joué le regard narquois face au premier rang. Après tant d’années de labeur méthodique et avec il faut bien le dire un talent certain de la composition, le songwriting est ici plus que jamais de grande qualité (on peut peut-être appeler ça la maturité), le chant de Ben Gibbard étant toujours là pour magnifier le tout.
Deux morceaux émergent de ce très bon album : "I will Possess Your Heart" et son superbe aspect sinueux et répétitif (disponible en version longue sur l'album, soit plus de 8 minutes) mais aussi "Grapevine Fries" et sa joliesse mélodique et soignée. Au final un disque qui poursuit fort heureusement le chemin tracé par Plans sans pour autant l’égaler. Preuve tout de même que les Death Cab for Cutie sont aujourd’hui un très grand groupe de pop moderne.
- Lebornu, le 12 06 2008