Built to Spill > You In Reverse

You In Reverse
4.2006
Notation
Rock   Pop   Folk

Le Saint-Graal en pop et en rock c’est ce qu’on appelle « le classique instantané », le morceau qu’on reconnaît dès les premières mesures comme familier et jubilatoire, qui de suite s’imprime dans nos mémoires et notre chair. C’est la secrète espérance qui nous saisit lorsqu’on écoute un disque pour la première fois, encore plus quand il s’agit d’un artiste/groupe jamais encore entendu. Certes on trouve le plus souvent en guise de Graal quelques gobelets mais lorsqu’on vient à en dénicher un alors le cœur s’illumine et le frisson nous guette.

C’est pourquoi la joie nous transporte en écoutant You in Reverse de Built to Spill,ce groupe américain quasi vétéran de la scène Indie rock de là-bas, du Pavement d’hier aux Okkervil River/Shearwater d’aujourd’hui, on est heureux parce que le premier morceau "Goin’ against your mind" en est un de classique instantané, et un sacré.

Huit minutes et quarante-neuf secondes au compteur, deux minutes d’intro qui débute par une batterie métronomique et qui entremêle quatre à cinq bouts de riff tous plus terribles les uns que les autres, ensuite deux à trois minutes de chant fiévreux sur la même cadence, tantôt fiévreux, tantôt cajoleur puis encore deux minutes de break gouleyant avant que les guitares ne repartent vers le ciel pour un final tout en petits sauts de cabri et hochements de tête frénétiques. Un morceau de feu, une pièce de choix dans une discothèque.

Built to Spill est un groupe qui n’a jamais eu une énorme reconnaissance médiatique mais qui bénéficie par contre d’une très solide réputation sur la scène indépendante, une carrière guère éloignée d’un groupe comme les Shins par exemple, même si leur musique est plus abrasive. On tient là en effet un solide groupe ni trop violent pour les masses ni trop mielleux pour les rude boys, une tonalité musicale proche d’un Neil Young (une figure incontournable de toute cette scène) dans ses moments agités et surtout d’un groupe voisin et contemporain, les Foo Fighters, dont beaucoup de morceaux rappellent Dave Grohl et sa bande dans leurs moments les plus mélodiques. Voilà pour quelques repères essentiels à l’hébété perdu devant tant d’adjectifs absconds.

En littérature, on appellerait ça un "bon client", c’est à dire des auteurs dont on peut piocher dans l’œuvre plus ou moins pléthorique sans trop d’inquiétude, sachant qu’on y trouvera du plaisir à défaut peut-être d’en sortir bouleversé et changé à jamais. Ce qui n’empêche pas bien évidemment la possibilité de dénicher au gré des pages ou des chansons un pur moment de grâce. C’est Jean-Luc Benoziglio en littérature par exemple et puis un groupe comme les Built to Spill en musique.


- Lebornu, le 28 02 2008

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