C’est la fin de l’hiver, le dégel s’amorce, c’est l’heure de la sortie du coma hivernal et des résolutions printanières, c'est le moment de muer et d'offrir au soleil une nouvelle peau, plus fine mais plus résistante sans doute, c'est le moment où la nature s’offre à nous telle une catin de belle vertu, le soleil luit un peu plus chaque jour pour illuminer un tantinet le quotidien et son décor, l’oisillon ouvre un œil puis le bec, on écoute Ghost days de Syd Matters.
Un disque d’atmosphère, au singulier, et singulière, celle du feutré et du discret, un disque d’ambiance. On s’installe dans le disque comme dans un fauteuil, confortable et agréable au contact, c’est du moins l’impression générale car au fil des écoutes chaque morceau recèle de saveurs particulières, de petits gimmicks savoureux, d’un travail d’embellissement conséquent, de petites particularités qui font mouche.
13 chansons et une profonde unité, un bloc à appréhender comme tel et non une succession de « chansons » plus ou moins agréables à l’oreille. Citons tout de même quelques pièces qui sortent un tantinet du rang : "Everything Else" en préambule et tout en douceur; "My Lover’s on the Pier" où les chœurs vaporeux du final nous enthousiasment et nous arrachent même un sourire de plaisir ou encore "Louise" et ses arpèges de piano qui sonnent à nos oreilles comme le plus beau des mots, un morceau qui rappelle Air, même si l’ambiance ici est uniquement boisée et organique et non synthétique.
Alors certes les esprits chagrins pourraient éventuellement reprocher à cet album un côté unidimensionnel, un certain manque de relief et de haut/creux, ils pourraient même y ressentir une relative monotonie.
Mais ce disque, c’est également le nacré en toute chose, c’est le fumet de l’eau chaude et le bruit de la bouilloire sur le feu pour seule bande-son d’une pièce de vie au charme suranné. C’est aussi un disque d’insomnie, quand l’introspection s’invite et nous tape sur l’épaule, comme la vieille camarade qu’elle est. C’est encore un disque qui accompagne les joies de l’intimité et de l’abandon qui va avec, le tumulte sensuel qui en résulte. C’est un disque finalement qui radicalise l’instant, que celui-ci soit beau, doux et sensuel ou bien triste, nauséeux et malaisée. Du bien bel ouvrage.
- Lebornu, le 15 02 2008