Black Francis > Bluefinger

Bluefinger
9.2007
Notation
Rock   

Nonobstant le fait que la réunion des Pixies en 2004 a finalement débouché sur un jackpot commercial que probablement aucun des quatre membres du groupe n'avait vraiment osé imaginé, Frank Black n'a parallèlement pas cessé d'enregistrer ses propres albums solo, nimbés, il faut bien le dire, d'une indifférence polie de plus en plus persistante. Un sacré paradoxe, pour le coup !

Le gros Frank se retrouve au fond dans la peau du vieux tonton qui nous faisait bien marrer quand on était gamin mais qui, faute de beaucoup se renouveler, aurait plutôt tendance à nous saoûler gentiment.

Alors qu'attendre de ce qui ne doit pas être loin du 15ème album "solo" du (gros) bonhomme ? Bluefinger n'est pas un album déguisé des Pixies, peut-être même a-t-on le droit d'estimer qu'aucune de ses meilleures chansons n'égale la moins bonne jamais gravée par le groupe. Ce serait néanmoins faire preuve d'une sévérité passéiste coupable. Parce qu'il est bien, cet album, tout simplement ! Oh, pas d'une originalité folle par rapport aux précédents efforts solo de Frank Black Francis. Pour notre homme, le plus sûr moyen d'arriver à la fin d'une chanson (et même à celle d'un album), c'est la ligne droite, quand les Pixies multipliaient souvent les chemins de traverse. Mais, en solo, c'est ce qu'il sait faire le mieux. Oubliées (pour un temps ?) les tentations plus "nashviliennes" d'Honeycomb, par exemple, back to basics et bon sang, ça fait du bien !

Et par curiosité, pourquoi ce titre, Bluefinger ? Etonnamment parce que c'est la traduction anglaise des Blauwingers, habitants de la probable riante cité néerlandaise de Zwolle. Et Zwolle est la ville natale du peintre et musicien Herman Brood, à qui cet album fait référence, allant même jusqu'à reprendre une de ses chansons, "You Can't Break a Heart and Have It".
Je vais être franc, je n'avais jamais entendu parler du bonhomme, par ailleurs plasticien et poète assez fameux aux Pays-Bas, possible équivalent en déglingue de son presque voisin Arno Hintjens, sauf qu'il finit par sauter du haut de l'Hilton Hotel d'Amsterdam à 54 ans (longtemps après avoir été le compagnon d'un autre fameux numéro dans son genre, Nina Hagen...).

Que ça ne donne pas de mauvaises idées à Black Francis, on est preneur d'autres albums de cet acabit, quand bien même ça lui remplira moins les poches qu'un énième relevé des compteurs pixiens...

- Mister Kenyatta, le 29 12 2007