Prenez un groupe de musiciens moyens, un chanteur minable, une chanson bien écrite restera une chanson bien écrite. C’est sur cet axiome que s’est déroulée la carrière de Pavement.
Pavement c’est un combo rock comme il y en a des milliers sur les campus des facs US version slacker étudiant en Arts. Né au début des 90’s en Californie, fondé par Stephen Malkmus, Pavement a végété dans la seconde division du rock indé US en plein boum à l’époque, avec une année de promotion en première division avec l’album Crooked Rain, Crooked Rain. Bien que le premier album (Slanted and Enchanted), voire toute la discographie, soit de haute tenue dans la veine lo-fi-power-pop-folk, ce disque est le morceau de bravoure de Pavement, celui qui lui a fait entrapercevoir le top 20 des charts Indés US.
Certes en 1994, les charts rock sont dominés outre atlantique par les poids lourds tels que Pearl Jam, Nirvana, Smashing Pumpkins (l’ennemi intime du groupe) ou encore Stone Temple Pilots, certes Pavement est le seul groupe indie potable infoutus de signer chez une major, cela n’empêche en rien Crooked Rain, Crooked Rain d’avoir sa place dans la listes des meilleurs albums de l’époque. Moins lo fi que le premier et plutot orienté rock, c'est un recueil foutraque des influences du groupes telles que the Fall (La référence du groupe) Sonic Youth voire les Replacements ou les Pixies. Il contient quelques perles pop comme "Elevate Me Later" ou le (seul) hit du groupe "Cut Your Hair".
Cet album aurait pu (du) lancer la carrière du groupe sur MTV avec à la suite tête d’affiche du Lollapalooza et une tape dans le dos d’Eddie Vedder au Grammy. Il n’en fut rien, le groupe a géré sa carrière de manière catastrophique, au plus grand bonheur du leader, tellement nihiliste qu’il était de perdre sa "crédibilité indie".
Musicalement, la suite du groupe ne sera que fuite en avant vers la quete de la pop la plus alambiquée qui soit. On en trouve quelques prémices sur cet album mais on atteindra la quintescencede cette pop mal branlée sur Wowee Zowee sorti en 1995 (contenant de nombreuse ballades) mais surtout le bien nommé Brighten The Corners ou le groupe fait son coming out Beatlesien. Il restera comme le groupe des glandeurs à converse, le genre de copains qu'on aimait bien à la fac mais à qui on ne voulait pas ressembler.
- Zed, le 17 12 2007