Malmberg, Eric > Verklighet & Beat

Verklighet & Beat
10.2007
Notation
Rock   

Les artistes véritablement originaux sont rares de nos jours : grâce à son talent et à ses mariages instrumentaux inattendus, le jeune Suédois Eric Malmberg ravira les auditeurs blasés de leur rock indé et autre folk torturé quotidien. Son instrument de base, c’est l’orgue Hammond, qu’il nous avait présenté sur son premier album, Den Gåtfulla Människan. Un beau disque certes, mais quelque peu lassant sur la longueur, de par sa spécificité et sa nudité – un orgue, un point c’est tout.

Ce fameux orgue Hammond, un instrument épatant pour qui sait en tirer la quintessence, on le retrouve sur Verklighet & Beat , mais cette fois-ci accompagné d’un groupe, de rythmes, et d’une sacrée dose d’expérimentation haute en couleurs. Le calme olympien de Den Gåtfulla Människen est révolu, cet album ressemble un tour de manège flamboyant avec de grosses montées d’adrénaline suivies de moments plus contemplatifs, pour un résultat d’une beauté improbable.

Soulignons d’entrée la richesse instrumentale impressionnante de cet opus : autour de l’Hammond,, on compte un solide section cuivres et cordes (le violon solo étant prédominant), une batterie, quelques flûtes et clarinettes, et aussi d’autres types d’orgues (notamment un d’église). Verklighet & Beat donne l’impression de remettre des marches et des hymnes immémoriaux au goût du jour, assaisonnés de breakbeats en cascade et de ritournelles psychédéliques tendance seventies. Le nombre d’instruments phénoménal (de la guitare électrique à la clochette) transforme cet album en une véritable caverne d’Ali Baba, sans pour autant faire dans la surenchère.

Quand ça marche, c’est un petit miracle musical – "Finalen" est un feu d’artifice, une orchestration complexe faite d’orgue et de cuivres, soutenue par des rythmes alternant entre breakbeat et marche – la transition entre passé et présent se fait sans faute de goût. On se demande comment quelque chose d’aussi casse-gueule sur le papier peut s’avérer aussi limpide. Les moments plus calmes font également mouche, impossible de ne pas citer le cinématique "Söndagskonsert", ou comment une marche à l’orgue et un concerto au violon se rejoignent au firmament. "Styx" est le moment le plus noisy de cet opus, avec une section rythmique musclée survolée par un déluge d’orgue psychédélique, le tout se terminant dans un joyeux foutoir.

Si cette musique est engageante et d’une originalité rafraîchissante, elle est également habitée. Il y a quelque chose d’intemporel dans cet orgue, ces mélodies semblent venir du fin fond des âges, à ce demander comment elles peuvent être conjuguées au présent. Mais Eric Malmberg n’en est pas à une contradiction près, il arrive à les (ré)concilier dans sa musique pour notre plus grand plaisir. Verklighet & Beat représente un pas de géant dans la carrière de cet artiste et un pur moment de bonheur pour nous autres.

- JP, le 9 12 2007

Multimedia:


Finalen
This text is replaced by the Flash movie.

Till minne av Lilly Lindström
This text is replaced by the Flash movie.