Sans exagérer, Dave Gahan a toujours été considéré comme l’instrument et la voix des compositions de Matin Gore, tête pensante de Depeche Mode. Pour sa première expérience solo (Paper Monsters sorti en 2003) le chanteur s’associait à Knox Chandler (Siouxsie & the Banshees) pour un résultat bancal vite oublié, suscitant moult sarcasmes parfois un peu durs.
Depuis, Dave Gahan s’est montré plus affuté, signant trois très bons titres sur Playing the Angel, rivalisant pour la première fois avec son co-leader. La suite logique s’avère donc être la seconde escapade en solo : Hourglass tâte à nouveau de l’electro parfois dancefloor, y inclut des aiguillons plus rock (batterie, soli de guitare) sans oublier les indispensables refrains de stade.
Et là (eh là ! dirais-je), surprise totale, Hourglass est une bombe… si l’on s’arrête après les deux premiers titres. Tout est bel et bien résumé dans ces 10 excellentes premières minutes. Humide et cotonneuse, "Saw Something", pseudo-ballade du rocker en exil, sécrète sa mélancolie de manière palpable, suant son spleen à grosses gouttes. Mais la clé de voûte, c’est surtout la terrible machine à danser qu’est "Kingdom", recyclage de vieux beats technoïdes nineties, Dave Gahan y plantant un refrain addictif juste pour nous faire honte lorsqu’on se retrouve en situation d’hystérie coupable devant la glace de notre salon.
Après le coup d’éclat et malgré ses qualités vocales toujours plus affinées, on sent hélas vite la machine se gripper. Gahan suscite l’ennui lorsqu’il s’essaye à l’électro minimale (le désincarné "Insoluble" ), il pirate un peu trop le riff de "Rush" (issu sur Songs of Faith and Devotion) pour son "A Little Lie" au chorus accrocheur. Et surtout, il commet "Deeper and Deeper", nauséabonde choucroute techno alourdie par les couches de larsens surgras, tuée dans l’œuf par des refrains paresseux à en pleurer. Je la nomine sans autres pour le pire ratage musical de l’année 2007.
Contrasté et contrariant, Dave Gahan n’a toujours pas les doigts et l’oreille d’un Martin Gore et ne les aura sans nul doute jamais. Toutefois, malgré certains bricolages aisément pardonnables qui succomberont à l’oubli, il se montre enfin capable de composer quelques titres mémorables, ce qui pourrait l’éloigner une fois pour toutes de ce rôle de second couteau.
- runeii, le 8 11 2007