Le rideau se lève sur une plaine aride. A l'horizon, que dalle. Quelques éclairs déchirent la lugubre monotonie du cliché. Travelling rapide, Une bicoque pourrie dont le porche tombe en ruine au milieu de rien. Les pieds sur la balustrade, une ombre sans visage et tirées à quatre épingles se balance dans un rocking chair. Elle tourne la tête dans ce qu'on suppose être la direction de l'objectif, se lève avec raideur et disparaît à l'intérieur sans dire un mot, laissant la porte ouverte comme une invitation. L'étrangeté de la situation ne tient pas tant au fantomatique occupant des lieux qu'à la présence d'un observateur en plein désert. Tant pis, l'on entre et advienne que pourra.
Blood Bread Children & Bones est le type d'album peu académique qui révolte les puristes, un pendant blues à Bohren & der Club of Gore pourrait-on dire. Peu importe les morceaux, il s'agit avant tout d'un son. Du son. Etouffant. Le soleil de plomb, l'orage qui se prépare et tous ces clichés que je vous sers depuis quelques lignes. Ils sont là . La voix ronronne, rauque, brute. On monte le volume parce que c'est intense et que lorsque la guitare se donne en spectacle, cela en deviendrait beau. La réussite totale du disque, à part faire chier les puristes, c'est d'avoir les moyens de soutenir la prétention affichée, sans en faire trop. Aucune faute de goût ne viendra entacher la bande son de l'espoir tombé en poussière et balayé par les vents, et si l'on est prêt à souscrire à l'esthétique un peu pompière du genre, on se jettera sans hésitation sur Samuel Hall Band.
myspace
- lina b. doll, le 6 10 2007