C'est assez étonnant comme certaines choses parviennent inexorablement à ressurgir, comme certains albums dont on ignorait totalement l'existence viennent un jour nous toucher et se poser en référence. La marque des grands évidemment, de celle qui fait que malgré les tourments du temps, des modes, de nos vies personnelles, il y a une force plus grande qui fait qu'on finira bien un jour ou l'autre par tomber dessus. Nowhere est de ceux-ci.
A la base, un groupe de mecs plutôt jeunes qui se lance dans le shoegazing, un genre assez hallucinant et hallucinogène qui, au fond, n'a jamais vraiment pris. Proche des albums de My Bloody Valentine, ce premier album de Ride peut tout autant se voir affubler le titre de référence. Les débuts tonitruants de "Seagull" (dont le final de guitare est peut-être le seul moment du disque qui n'a pas très bien vieillit), l'envoûtement de "In a Different Place", évoquant Slowdive, autre grande référence du genre. On s'enfonce de plus en plus dans son sofa, la tête dans les étoiles quand débarque les hallucinantes premières mesures cristallines de "Dreams Burn Down", vagues notes d'espoir sous une rythmique plombée. La voix semble innocente, comme celle d'un jeune homme voulant parler d'un amour qu'il ne connaît pas encore, tentant d'émouvoir avec assurance pour conquérir ("Paralysed").
Bien entendu la production est un peu discutable, mais elle reflète le style et l'époque dans lesquels Nowhere a été créé. Le groupe enregistrera encore trois autres albums dont seul Going Blank Again (1992) présente encore un réel intérêt. Le former guitariste Andy Bell joue maintenant chez Oasis, bref tout cela appuyant encore plus l'urgence et l'importance de ce moment de grâce unique qu'est ce premier opus. Tout aussi essentiel que Loveless, Souvlaki ou Daydream Nation, Nowhere est entré de plein pied dans l'histoire de la noisy pop et fait partie des monuments qui fond date.
A signaler que l'édition anglaise remastérisée comporte quatre bonus track importants.
- le sto, le 27 09 2007